Les habitué(e)s du genre auront vite reconnu le procédé, assez répandu, de la coécriture alternée. À l’origine, ce texte était en effet destiné à être écrit par deux femmes, en étroite complicité. Ma partenaire n’ayant pu poursuivre, j’ai décidé de reprendre le texte à mon compte en le réaménageant de-ci de-là et en le menant à son terme.
Bruxelles, avenue Louise, lundi 9 août 2004, 9 h 35.
Béatrice :
J’adore Bruxelles au mois d’août. La circulation y est calme. En ces temps de canicule, seuls quelques touristes téméraires s’aventurent dans les rues écrasées par un soleil intense.
Le tram 90 me berce de ses soubresauts. Il me conduit en brinquebalant vers ce rendez-vous que j’ai dû prendre avec une responsable de projets à l’Université Libre de Bruxelles.
C’est une curieuse sensation que de me rendre dans les locaux de l’ULB, moi qui suis sortie d’une école de bonnes sœurs, et qui ai toujours considéré qu’une odeur de souffre planait sur ce quartier d’Ixelles, dès qu’on atteignait l’orée du Bois de la Cambre.
Il fait vraiment trop chaud ! Ce léger bermuda beige en coton et ma chemise Lacoste me semblent bien lourds à porter. Je supporte mal mon soutien qui m’oppresse. Je ressens, au creux de mes cuisses, une moiteur suspecte, et mon corps est comme alangui, presque lascif. Je n’ai nulle envie de bouger ou de quitter la banquette du tramway. Le trajet me paraît déjà trop court, et je m’inquiète de rencontrer la dame qui a fixé cette réunion. Je dis ‘dame’, parce qu’au téléphone je n’ai pu lui attribuer un âge et que le ton, assez froid, très professionnel, de notre entretien, m’a fait redouter le pire.
Je ne sais pourquoi, mais je l’imagine comme une ‘baba cool’, une intello gauchisante, qui fume de ces longues cigarettes dans une salle de réunion enfumée, sans air conditionné, probablement rondouillarde et faussement relax. Tout ce que j’aime !…
Il faut dire aussi qu’aller présenter une étude sur un peintre de la Renaissance italienne, Piéro della Francesca, pour ne pas le nommer, dans une université qui se consacre plus volontiers aux mouvements d’avant-garde les plus pointus, relève de la témérité !
Mais bon, c’est moi qui ai proposé cette réunion, et peut-être que la ‘dame’ sera accueillante finalement, et que l’entretien se passera bien. A priori, je dois lui laisser le bénéfice du doute.
En quittant le ‘90’, je remonte à pied l’avenue Maurice, pour rejoindre cet horrible bâtiment de l’avenue Jeanne. Couloir F2, local M5, m’a dit la dame. J’ai entre les mains mon mémoire sur Piéro. En ce mois d’août, aucun étudiant ne semble fréquenter les lieux, comme s’il n’y avait que moi à ne pas prendre de vacances. Et toujours cette moiteur que je sens dans ma culotte, transpirant au creux des poils sombres de mon pubis. Comment puis-je songer à un détail aussi trivial, alors que va commencer une entrevue qui peut changer le cours de ma vie ?
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Université Libre de Bruxelles, local M5, 9 h 45.
Christine :
La matinée s’annonce plutôt pénible, comme trop souvent ! Et cette canicule ne va rien arranger. La perspective de passer la journée entière enfermée dans ces locaux d’un autre âge avec une climatisation plus que vétuste ne m’emballe guère. Dire que j’avais éprouvé tant de fierté lorsque j’avais été nommée à ce poste, mon premier poste, il y a quelques mois à peine. C’est que j’en avais fait grincer des dents ! Tous ces prétendants à cette fonction, — autant de jeunes vieillards — n’arrivaient pas à me pardonner de leur avoir raflé la promotion qu’ils briguaient. Comme si, quand on est blonde et pas trop mal fichue on devait nécessairement être une parfaite idiote ! J’avais réussi brillamment l’examen d’admission et puis voilà tout ! Il faut dire que j’avais eu de la chance, le sujet n’aurait pas pu mieux me convenir : la peinture en Italie au temps des Médicis, un cadeau ! J’ai vite réalisé que ce sujet intéressait un nombre dérisoire de personnes !
Une fois promue, au lieu de me trouver plongée au milieu de discussions passionnées entre spécialistes, je me suis bien vite vue confinée à la rédaction de rapports ineptes et d’inventaires sans cesse à revoir et à améliorer. Bien rares étaient les sollicitations d’étudiants de la maison. Quant aux appels extérieurs, ils étaient pour ainsi dire inexistants.
Aussi avais-je été pas mal intriguée par ce coup de fil sollicitant un rendez-vous. Une voix hésitante, peu sûre d’elle, des explications confuses… Peut-être m’étais-je montrée trop réservée, voire méfiante ? Bah ! je me trouverai probablement à nouveau confrontée à une de ces « chercheuses de circonstance » sans doute en quête d’une bonne planque. Enfin !… on verra bien !
Allons bon ! me voilà reprise par mon péché mignon : ce petit fourmillement dans mon bas-ventre !… Je sens que je vais me livrer une fois de plus à mon sport favori. Il serait sans doute excessif d’appeler cela de la masturbation, mais, quoique sous une forme paisible et discrète, c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit.
Le fait de devoir partager ce bureau, certes spacieux mais sans aménagements permettant une quelconque isolation, avec trois collègues plutôt maussades, m’avait vite amenée à me créer mon petit univers à moi. Les tentatives de drague bien appuyée des premiers jours ayant débouché sur des fins de non-recevoir parfaitement nettes, je n’avais, Dieu merci, plus grand chose à redouter de mes grincheux cohabitants.
N’empêche : leur présence m’interdisait de m’abandonner à tout débordement et j’en avais beaucoup souffert les premiers temps, moi qui suis incapable de passer plus de deux heures sans penser au sexe. Je ne me considère pas spécialement comme une obsédée, mais il se trouve que j’ai de gros appétits, voilà tout. Faute de mieux donc, faute de pouvoir m’envoler vers la Toscane de mes rêves, je me contente d’entretenir régulièrement entre mes cuisses un état de douce excitation, certes modérée, mais à peu près constante.
Ma technique est des plus simple : je me contente d’écraser mon minou sur ma chaise, de croiser et décroiser les jambes ou, celles-ci bien serrées, de faire jouer mes muscles pelviens, vous savez, cet espèce de plancher qui va du sexe à l’anus. Je me suis faite là, résultat d’une pratique déjà longue, une musculature de championne. Mes sphincters aussi se trouvent partie prenante dans ma chasse au plaisir discret. Oh ! il ne saurait être question d’orgasme ici, rien de fulgurant ni de spectaculaire, mais une délicieuse béatitude, un état d’excitation diffuse et bien agréable, comme une fin d’orgasme (quand il a été fort) mais prise par l’autre bout, en quelque sorte. Tout l’art consiste à se hisser à un niveau d’excitation convenable et de s’y maintenir.
Mais le plus amusant, c’est de se comporter le plus normalement possible. Combien de fois ne m’est-il pas arrivé, sollicitée par un visiteur ou un collègue, de les regarder dans le blanc de l’œil en sentant que ma propre prunelle est en train de chavirer sous l’effet de cette délicieuse chaleur que j’entretiens dans mon entrejambe ; de me sentir soudain déglutir au moment de communiquer un renseignement ou même de rougir soudainement sous l’effet d’une brusque montée d’un désir à la fois feutré et insistant. Sans recourir à cette pratique au quotidien, je m’y adonne pourtant avec une belle régularité.
Oh là ! pas loin de 10 heures ! Ma visiteuse ne va plus tarder. C’est que je suis précisément dans un état… bah, on verra bien ! De toute façon, je compte l’expédier vite fait bien fait !
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ULB, local M5, 9 h 57
Béatrice:
La porte du local M5 s’ouvre. La personne qui m’accueille est une femme d’âge mûr ; elle correspond physiquement à ce à quoi je m’attendais. Elle m’annonce cependant n’être que la secrétaire de la responsable de projets qu’il me faut rencontrer, et me demande de patienter quelques instants.
« Désirez-vous un café ? » parvient-elle à articuler dans un énorme effort de convivialité. Je décline le café, tout en rêvant quelques instants à l’un de ces « frappés » grecs que l’on sert autour des tavernes d’Athènes, et qui, dans les conditions les plus torrides, vous réveille pour toute la journée. Adrénaline, caféine et sucre purs, exactement ce dont j’ai besoin pour affronter cette entrevue, mais pas un breuvage chaud, ça non. D’ailleurs, dans l’encoignure de la porte du local M5, une silhouette se pointe.
— « Bonjour, je suis Christine Verhaegen. Nous avons un rendez-vous pour discuter de votre mémoire sur Piéro della Francesca ».
La voix est claire, nette et franche. Et ce n’est pas une ‘dame’, c’est une jeune femme ; blonde aux yeux verts de surcroît. Je me lève pour serrer cette main qui se tend vers moi, et qui s’attarde quelques secondes dans le creux humide et chaud de ma paume. Son sourire est engageant, et, n’était le caractère terriblement sérieux de notre réunion de ce matin, je pourrais même la trouver sympathique.
Je me présente aussi : « Béatrice Delmas ». Mon interlocutrice me fixe droit dans les yeux, comme pour me jauger. On dit toujours que dans une rencontre, ce sont les impressions des cinq premières minutes qui comptent. Je me sens vaguement nigaude, avec mes sandales et ma Lacoste. Faut dire qu’elle a fait fort, Madame — Mademoiselle ? — Verhaegen. Une jupe bleu marine, courte et étroite, un chemisier bleu pâle à manches courtes qui lui dessine une taille élégante, classique, à la limite de l’austère. Des chaussures à haut talon allongent ses jambes galbées et bronzées. Je dis austère, mais à y regarder de plus près, je m’aperçois que les deux premiers boutons de son chemisier sont ouverts, et que des seins, amples et gonflés, remplissent son vêtement d’une profusion de douceur. Deux pointes, bien visibles, tendent le tissu du chemisier à la limite de la déchirure. L’ombre arrondie de ses aréoles se devine sous le tissu, plus qu’elle ne se dévoile. Une interrogation me traverse l’esprit : « Je me demande si elle porte un soutien-gorge ? » Quelle merveilleuse silhouette que celle qui s’offre ainsi à moi dans ces secondes de première rencontre !
À nouveau, je me surprends à rêver de choses qui n’ont rien à voir avec l’entretien de ce matin. Sans cesse je suis victime de l’ambivalence de mes pensées. Toujours orientée vers des réflexions élaborées touchant à mes centres d’intérêt intellectuels et professionnels — l’histoire de l’art en général, la peinture du XVe siècle en particulier —, je suis capable en même temps, exactement au même moment, de ressentir d’intenses émotions physiques, des sortes de désirs inassouvis qui me surprennent et m’envahissent au moment où je les attends le moins.
Tout entière, je devrais être occupée à tenter de deviner les points forts et les faiblesses de mon interlocutrice, et, ironiquement, je me vois en train d’admirer sa poitrine et les vêtements qui, à peine, l’enveloppent.
Et cette sensation de chaleur qui brûle le bas de mon ventre, comme un alcool trop fort qui vous rappelle que votre corps existe, ce corps qui exprime des exigences insensées, à l’instant même où mon esprit réclame une particulière concentration.
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Christine :
Ah ! ma visiteuse est arrivée : j’entends la voix de Sonia. Bien, elle l’a fait asseoir dans la bibliothèque… Je la laisse mariner deux ou trois minutes et puis j’y vais. Ouh ! c’est que je suis bien « en forme », moi ! N’était ma visiteuse, je foncerais bien aux toilettes éteindre l’incendie qui commence à se répandre entre mes cuisses ! Je dois mouiller, là ! Mmmh… suis-je salope quand même ! Dire que depuis le temps que je fais ça, personne ne s’est jamais douté de rien ! Là, je m’écrase encore un peu la vulve sur ma chaise… mmmh… puis je vais rejoindre ma visiteuse.
Je me lève, fais quelques pas…
Je le sens bien : ma culotte doit être trempée ! hi hi !
Ah ! mais c’est une toute jeunette ! Heureusement, elle ne s’est pas crue obligée de s’endimancher, tant mieux ! Il faut dire qu’avec cette foutue canicule… un bermuda, pourquoi pas ?
Eeh ! bien polie, là voilà qui se lève ! mais c’est qu’elle a de beaux yeux bleus cette petite ! Enfin, pas si petite que ça en réalité ! Qu’est-ce qu’elle peut avoir ? 24, 25 ans ? Un visage un peu ingrat, pas trop régulier, un nez busqué, de trop grandes dents… Pas vraiment une jolie fille, ma foi ! Mais bon Dieu ce qu’elle a l’air coincé ! Il faut dire que ce chignon démodé… pour éviter la chaleur peut-être…
Ah ! la poignée de main est franche, réservée, mais nette !
Brèves présentations…
Oui, le timbre de sa voix est agréable, bien qu’elle soit un peu stressée là, à l’évidence.
Bon, je m’assois en face d’elle. Mais, qu’est-ce qu’elle a à me manger des yeux comme ça ?
D’après ce que je vois de son travail… c’est bien présenté, c’est déjà ça ! Belle mise en page, caractères agréables et bien lisibles. Un bon point !
Bon, voyons voir ce qu’elle nous raconte cette charmante enfant…
Allez, je me laisse aller à bien serrer les cuisses, mmh ! c’est fou quand même ce que j’aime ça, moi !
Voyons : « La Toscane au temps de Laurent le Magnifique »… Le sexe ! c’est que je suis drôlement accro quand même ! « Le Contexte politique dans l’Italie du Quintecento… » Làà, bien serrer mes pelviens ! mmmh !… et jouer de mes sphincters… « La Toscane, le miracle florentin… » ouh ! attention, une petite montée de plaisir là ! juste une petite bouffée ! mmmh ! ce que c’est bon quand même ! « Les Grands mécènes… » oui, oui, bien structuré son machin !… J’ai envie de me fourrer un doigt dans la chatte.
— Dites-moi, mademoiselle, d’où vous vient cet engouement pour cette période particulière ?
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Béatrice :
Elle m’invite à prendre place autour de cette étroite table de verre au travers de laquelle transparaissent des pieds en aluminium chromé. Nos genoux pourraient presque se toucher, tant la surface de la table est étroite, créant ainsi entre nous une sorte de proximité factice. Je m’avise aussi que la surface vitrée de la table me permet d’apercevoir ses jambes sagement serrées sur sa chaise, dans le joli fourreau de sa jupe bleue.
C’est avec gentillesse qu’elle m’interroge sur les travaux que j’ai réalisés dans le cadre de ma licence en histoire de l’art, et sur ce qui m’a amenée à m’intéresser à un peintre comme Piéro della Francesca. Pendant que je lui expose le contenu de mon mémoire, j’ai le temps d’examiner mon interlocutrice plus en détail. Son chemisier déboutonné au-dessus laisse deviner un début de soutien-gorge en dentelle bleue, et la naissance de deux beaux seins, probablement un peu lourds, mais d’une douce opulence, avec des rondeurs qui rappellent l’arrondi d’un melon bien mûr.
Elle a croisé ses mains sur la table, des mains sans bague, comme pour annoncer qu’elle n’a nul besoin de bijou pour séduire. Ce sont des mains petites et fines, qui semblent savoir ce qu’elles veulent, et qui appellent à la caresse. Je ressens une certaine honte à m’attarder ainsi sur la contemplation des seins de Christine — dans ma tête, je l’appelle déjà Christine —, et de rêver à la caresse de ses mains. La vue de ses cuisses, un peu fortes, au travers de la vitre ajoute à mon trouble.
Allons, allons. Il faut que je me resaisisse ! Je dois présenter ce mémoire de manière sérieuse… Pourtant, les images qui me traversent l’esprit n’ont pas grand-chose à voir avec les Médicis. Et cette sourde transpiration qui s’épanche à hauteur de mon entrejambe n’arrange rien. Dans la moiteur chaude de ma culotte de coton, c’est comme un rappel, presque obscène. Des pensées inavouables se font jour pendant que je prends la parole. Mes joues doivent être un peu rouges sans doute, et je n’ose penser à ce qui doit se lire dans mon regard. J’espère ne pas être trahie par l’odeur que je dois dégager.
Je me demande si Christine se rend compte de mon trouble ou si elle met tout ceci sur le compte de la canicule ou d’une certaine timidité. Tout en poursuivant mon exposé, je regarde de plus en plus au travers de la surface de la table. Ses mains reposent immobiles sur la vitre, mais néanmoins je m’aperçois que la jeune femme qui m’écoute remue imperceptiblement le dessus de ses cuisses, comme si elle suivait le rythme d’une autre musique, intérieure et lancinante. La visibilité est parfaite, mais mon interlocutrice n’en a cure, tant elle semble attentive à mes propos. Il lui arrive pourtant de fermer brièvement les paupières. De temps à autre, elle me pose une question, d’une voix assurée, puis me laisse reprendre le fil de mon discours.
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Christine :
Bon ! elle a bien préparé son sujet ! pas mal du tout ! Mais pourquoi est-ce qu’elle se met à bredouiller comme ça ? Le stress ? une perte de concentration ? Elle a lâché deux ou trois belles bourdes, là ! Bon, je crois qu’on peut mettre ça sur le compte de… Oh ! bon Dieu, voilà que mes seins se mettent à me démanger ! Qu’est-ce que j’ai tout à coup ? Oh làà ! mes tétons gonflent ! ça doit pointer méchamment ! et ce n’est pas le soutif ultra léger que j’ai choisi qui y changera grand-chose ! tellement fin !… D’ailleurs, il me fait mal ! Je l’enlèverais bien ! Pfff !
— Et votre façon d’introduire Piéro dans le contexte…
Pourquoi a-t-elle les joues aussi rouges tout à coup ? Une bouffée de chaleur sans doute ! Faut dire que la température ici… Quel étrange regard ! elle est affectée d’un léger strabisme qui ne contribue probablement pas à lui donner l’assurance dont elle semble tant manquer. Et pourtant, ce défaut lui confère un certain charme… C’est troublant. J’aime sa voix, un peu grave, veloutée, au débit nonchalant.
— Les illustrations que vous avez choisies…
Mais… à quoi elle pense, là ? Je suis sûre qu’elle n’y est plus ! elle rêvasse, ma parole !… Mmh ! c’est qu’elle dégage une sacrée odeur cette petite ! Elle a transpiré ! C’est singulier, elle… elle me trouble !
Oh là ! faut que je me domine là ! ça commence vraiment à me démanger là-dessous ! Voilà que ça fourmille dans ma poitrine ! ça y est, je déglutis, et mon cœur s’est mis à cogner ! Je ne peux pas m’empêcher de remuer les fesses. Ouh ! Christine, tu chauffes !…
— Et… où vous êtes-vous procuré les ouvrages de référence ?
Ouf ! ma voix est normale. Oh, mais c’est que j’ai envie moi !… C’est plus fort que d’ordinaire, y a pas à dire !… Cette fille y serait-elle pour quelque chose ? Mais non voyons ! Elle n’est pas du tout mon genre !
N’empêche, je dois dire que je n’espérais pas tomber sur quelqu’un qui aborde un tel sujet, et qui, de plus, s’en tire pas mal du tout !
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ULB, local M5, 10 h 10
Béatrice :
Je me sens bercée par le mouvement de ses jambes, tout à tour bien serrées, et puis qui s’entrouvrent, pour se resserrer à nouveau. L’idée —honteuse — d’espérer apercevoir voir le haut de ses jambes, de regarder ses cuisses entrouvertes (sont-elles moites, comme les miennes ?), me poursuit un moment. À vrai dire, je n’ai jamais pu franchement savoir si j’étais ou non lesbienne. À l’école, et à l’université, j’ai eu beaucoup d’amies, mais nos jeux se sont toujours limités à nous embrasser tendrement, ou à comparer la taille de nos seins, ou même une fois, à comparer nos clitoris.
Je me rappelle cette vision du clitoris de Nathalie lorsque, en 6e, après les cours, nous avions étudié une leçon ensemble, dans ma chambre. Doux moment de tendre intimité partagée, arrêté sur un baiser longuement appuyé, et sur la vision de son sexe humide, bouton que j’aurais voulu toucher, sentir, mais hélas !, le jeu s’était arrêté trop vite, par peur probablement, ou par timidité. Je me souviens comme elle a rougi quand elle a découvert mon abondante pilosité pubienne ! La mode est aux vulves glabres, sous prétexte d’hygiène et d’esthétique. Balivernes ! J’aime ma forte toison, mon jardinet touffu, mon oasis odorante ! Je sais que mes odeurs intimes s’y installent et ça me grise !
Ce soir là, après le départ de Nathalie, je m’étais masturbée plusieurs fois, avec des orgasmes à répétition, en rêvant des seins et du clito de mon amie, et de ses baisers qui n’auraient pas dû finir. Une occasion pareille ne s’était jamais représentée, et je ne suis guère, par ailleurs, attirée par les garçons de mon âge. Nathalie reste un souvenir merveilleux, mais qui, en même temps, me remplit de détresse, rien qu’en pensant que je pourrais être… homosexuelle ?… lesbienne ?…Ce sont les mots qu’on utilise pour décrire ces filles-là, non ?
Et aujourd’hui, après toutes ces années d’étude, cette sensation inavouable d’un désir déplacé resurgit tout à coup à la vue de Christine, comme si le mouvement de ses jambes sur la chaise m’invitait à m’entrouvrir enfin, à profiter pleinement de son plaisir… et de ma honte ; et de considérer cette vérité comme une évidence à présent : cette humidité dans ma culotte de coton, ce n’est pas de la transpiration ! — ou alors si peu…
L’envie me prend de glisser une main vers mon bas-ventre, de la fourrer à l’intérieur de mon bermuda et de me « branler ». Et ceci en même temps qu’elle, car je suis en train de me persuader qu’elle en a envie, ou même — qui sait — que, l’air de rien, c’est ce qu’elle fait ! Mon Dieu ! quelle idée !…
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Christine :
Mais c’est qu’elle me trouble cette petite ! Maintenant que je la regarde un peu mieux, je me rends compte qu’elle dégage quelque chose d’inhabituel. Elle ne se met pas dut tout en valeur évidemment. Ça la rend pas mal attachante en fin de compte. Son regard un peu vacillant, cette expression presque apeurée que dément une prunelle enflammée… On a envie de la protéger, de la réconforter, de la consoler d’un chagrin pourtant inexistant…
Elle est… comment dire ?… comme gonflée d’une sorte de détresse qui m’inspire des sentiments bien troublants. Je lui caresserais bien les cheveux, oui !… je remettrais en place cette mèche rebelle, là ! Elle a la peau toute duveteuse ! Mmh, ça doit être bien doux… Et ces petits poils tout mimis qui couvrent sa peau : appétissant !
Oh ! mais c’est que, dans l’état où je suis, je la dévergonderais bien moi, cette petite ! J’imagine si bien mes lèvres sur les siennes, qu’elle a toute simples, sans une once de maquillage ! mmh… La serrer dans mes bras, découvrir sa peau, son odeur… La sentir s’apaiser, dissoudre son désarroi, la bercer tendrement. Peut-être même regarder son désir s’allumer puis croître au fond de ses jolis yeux. Là, je n’ai droit qu’à des regards furtifs ! Est-ce que par hasard je la troublerais tant soit peu ?… Allons, arrête ça tout de suite ! Tu sais bien que c’est là exactement ce que tu t’interdis par contrat, certes tacite et au niveau le plus privé, mais qui est à respecter impérativement. Pas de dérive ! Le danger de dérapage est beaucoup trop important et les conséquences… ouh ! je n’ose y penser.
Eh là, mais c’est quoi ce regard, là ? Ou je ne m’y connais pas ou… pas de doute ! cette langueur… C’est que… c’est qu’elle dégage une sensualité extraordinaire cette petite ! Il faut que je me reprenne en mains, que je me contrôle !
Heureusement, l’entretien touche à sa fin et en même temps… ce doux supplice.
— Mademoiselle, votre introduction me semble parfaite ! Quant à votre plan, il est fort bien structuré, il conviendrait pourtant de… mais laissez-moi le temps de prendre connaissance de l’ensemble. Nous pourrions nous revoir d’ici, mettons une dizaine de jours, ça vous va ?
— Oh, mais bien sûr ! ma… madame…
— Mademoiselle !
— Oui, mademoiselle. Merci, merci infiniment.
J’ai cru un instant qu’elle allait, dans le prolongement de son mouvement pour se lever, me sauter au cou ! J’ignore totalement comment j’aurais réagi en l’occurrence. Comment cette fille, à peine jolie a-t-elle fait pour me mettre dans un tel état ? Un état que j’identifie fort mal et qui me trouble profondément. Je suppose que je dois mettre ceci sur le compte de ma sale petite manie masturbatoire ! Oh ! ce regard !… de la braise !… Vite, vite, qu’elle s’en aille !… bon sang !
Le feu aux joues… et aux fesses, je me précipite dans les toilettes et me mets à me labourer le mont de Vénus comme une collégienne. Longtemps différé, l’orgasme ne se fait guère attendre. Mais quelle bête suis-je donc ? Cette petite me trouble et… curieusement, je me sens responsable de son émoi, du trouble qui l’habitait au moment de nous séparer. Lorsqu’elle a tourné la tête au moment de franchir la porte, j’ai lu un tel désarroi dans ses yeux !… Il s’agit que je me reprenne, et vite !
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Ixelles, rue de Livourne, chambre de Béatrice, 22 h 25.
Béatrice :
Je crois que je me suis bien plantée, là ! Mais qu’est-ce qui m’a pris aussi ?! Au lieu de me concentrer sur mon sujet, d’essayer me montrer convaincante, je n’ai pensé qu’à cette femme, à son allure, à son corps… Ça a été plus fort que moi ! C’est parfaitement ridicule ! Elle est sûrement mariée… et puis même si elle était libre, en quoi le laideron que je suis pourrait-il l’attirer le moins du monde ? Tu délires, ma fille, tu fantasmes !…
Je ne sais pas ce qu’elle m’a fait : je n’ai pas pu contenir mon attirance, elle m’a envoûtée !… Pas la peine de te mentir ma chère : cette femme t’attire ! Tu as tout simplement envie de coucher avec elle, tu crèves d’envie de lui faire l’amour, de la dévêtir, de la tripoter, de la… de… oooh !… Allons, calme-toi, grande sotte : ce gibier-là, c’est pas pour ton bec ! Comment ai-je pu supposer un seul instant qu’elle pouvait penser à autre chose qu’à son travail, qu’à relever les lacunes de mon mémoire. Le désastre qui s’annonce, je l’aurai bien cherché, va !
Allons bon, tu vas pas te mettre à braire en plus maintenant ! Je suis tout agitée, tout énervée ! Faut que je me resaisisse, et vite. Je vais m’offrir une petite séance de masturbation qui va me calmer pour le coup. J’espère me reprendre un peu par la suite ! Quelle imbécile je fais ! Pfff !…
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Boisfort, avenue des Pêcheries, salon de Christine, 23 h 20.
Christine :
— Allo ? Geneviève ?… Excuse-moi de ne pas t’avoir appelée plus tôt : j’ai eu une journée assez chargée et un surcroît de travail inattendu !… Oui, à l’Univ’, bien sûr… Comment ? Non, rien de bien important : un mémoire qu’est venue me remettre une jeune étudiante… Que dis-tu ?… Arrête tout de suite tes insinuations ! Bien sûr que non, je n’ai pas cherché à lui tourner la tête !… Quoi ?… Mais non, même pas jolie… Mais arrête, elle est totalement insignifiante !… Ta jalousie est tout à fait déplacée !… Oui, je sais, je… je sais !… Oh ! écoute… Laisse-moi y réfléchir !… Mais si je t’aime, voyons ! Mais tu es trop impatiente, trop… trop gourmande, voilà !… Non, là, je n’ai pas le temps, désolée !… Quand ça ? mardi ?… Euh, non, je ne pense pas que ça ira… mercredi non plus… je… écoute, je te rappelle et nous fixerons une soirée, OK ?… Oui, oui, promis !… C’est ça, moi aussi, à plus, ma grande !… Bisous !…
Qu’est-ce que je peux être lâche ! Je dois bien l’admettre : je n’ai plus de désir pour Geneviève ! Elle est tellement envahissante aussi, quelle accapareuse ! Elle m’étouffe !… J’ai besoin de me sentir libre, indépendante. Et puis, j’en ai un peu marre aussi de ses airs de vamp ! Elle a un corps splendide, c’est indéniable et elle est hyper séduisante ! Autre chose que cette étudiante mal fagotée et bigleuse ! Combien d’hommes ne paieraient-ils pas, et fort cher, pour être à ma place, à cette place que je suis de plus en plus disposée à céder, pourtant ! Il faudra que je trouve le courage de lui faire comprendre… Le plus tôt sera le mieux ! Et pourtant… la quitter… je ne sais pas si je pourrais ! J’ai trop besoin d’elle, de ses mains sur mon corps, de ses yeux enflammés plongés au fond des miens, de son désir qui m’embrase… Et puis, elle est si belle, si sexy !… Si elle n’était pas si ostentatoire…
Bon ! En attendant, voyons le travail de cette gourde.
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Avenue Louise, mercredi 25 août, 9 h 50
Béatrice :
Mais c’est pas vrai !… Que se passe-t-il ? Pas le moindre tram à l’horizon ! Ça va faire 25 minutes que j’attends. Je vais être en retard à l’ULB ! Ce sera sans doute encore une de ces foutues grèves sauvages… Merde à la fin !… Bon, ben je crois qu’il n’y a plus qu’à prendre un taxi ! Mais je vais quand même appeler l’ULB, histoire de prévenir…
— Allô ? oui, bonjour madame, c’est Béatrice Delmas ici, j’avais rendez-vous avec mademoiselle Verhaegen à 10 h, mais…
— Elle est à côté de moi, ne quittez pas je vous la passe.
— Oh, ce n’est pas la peine, c’est juste pour dire que… euh… allô ?… oui, ah ! mademoiselle Verhaegen, je ne voulais pas vous déranger, c’était juste pour vous prévenir que je serai en retard… je suis désolée !…
— Ce n’est pas surprenant : la STIB fait grève, ça durera toute la journée. Ne vous en faites pas, je vous attends.
— Ah !… j’ignorais… Bon, je saute dans un taxi et j’arrive.
— Si vous arrivez à en trouver un !…
— C’est juste… je… ils doivent être surchargés !
— Voulez-vous que nous remettions notre entrevue ?…
— Non, non ! écoutez, ce n’est pas très loin, je ferai le trajet à pied.
— Vous êtes sûre ?
— Oui, oui ! Je serai là d’ici une demi-heure tout au plus.
— Bon, comme vous voudrez !
— À tout de suite.
Manquerait plus que je loupe ça, tiens ! Je ne me suis pas pomponnée pour rentrer bêtement à la maison tout de même ! J’espère que je n’ai pas mis trop de parfum et que ma robe lui plaira. Pourvu qu’elle ne trouve pas mon maquillage trop marqué ! Je suis folle sans doute ! Que tout cela est donc dérisoire ! Je ne suis rien pour cette femme… Mais au moins, elle me trouvera moins repoussante comme ceci… enfin, j’espère.
Quelle chaleur ! J’ai à peine fait cent mètres et me voilà déjà en nage !
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ULB, local M5, 9 h 55
Christine :
Mon Dieu ! cette voix !… Je n’avais pas réalisé à quel point sa voix me faisait de l’effet ! Ces tons chauds, envoûtants… Et l’espèce d’angoisse qui l’animait au cours de son appel accentuait encore l’impression de vie, de présence… Mais… c’est insensé : j’en ai des frissons, la chair de poule ! Et moi qui me suis obligée à renoncer — pour cette matinée au moins — à mes petites habitudes friponnes pour pouvoir me consacrer sereinement à notre entretien sur ce cher Piéro… c’est plutôt loupé : voilà que je me sens toute tourneboulée ! Allons, allons ! reprends-toi, ma fille ! Elle ne me plaît pas ! c’est pourtant clair ! D’ailleurs elle est moche !… Non, elle ne me plaît pas, voilà ! Pas le moins du monde !… Même si… même si elle dégage un charme certain et… et une odeur si envoûtante, si animale qui… qui me… et cette voix qui me fait frissonner ! Ouh làà !… C’est fini ce délire ?… Non mais je suis débile, moi ! Qu’est-ce qui me prend ? Allez, allez, c’est tout ! Bon, où ai-je laissé mes notes ?…
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Avenue Franklin Roosevelt, 10 h 15
Béatrice :
Voilà ! J’y suis presque ! Il était temps : je suis en nage ! Quelle guigne ! Moi qui voulais apparaître sous un jour favorable… enfin, pas trop minable… Me voilà tout essoufflée, toute poisseuse, probablement pas mal décoiffée… C’est trop bête ! Foutue grève à la con !… Elle va sûrement me trouver ridicule… Elle va comprendre que j’ai essayé de me faire belle pour… pour elle ! Mais quelle idée idiote j’ai eue ! Quelle imbécile je suis !… Comment ai-je pu imaginer que j’arriverais à l’émouvoir ne serait-ce qu’un seul instant ?! J’ai envie de prendre la fuite, de rentrer à la maison… Oh non ! je ne vais pas me mettre à chialer tout de même !…
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ULB, local M5, 10 h 20
Christine :
— Oui, Sonia, vous pouvez faire entrer mademoiselle Delmas.
Mais… ça alors !… Pour le coup, j’ai pensé que c’était sa sœur ! Elle est complètement métamorphosée, ma parole ! Elle a dépensé des trésors d’élégance, là ! Je n’avais pas remarqué qu’elle avait de si beaux cheveux ! Et elle s’est maquillée avec beaucoup de goût, ça se voit en dépit des assauts de la canicule. Tout ça ne la rend pas plus jolie, mais accentue son charme !
— Voilà !… euh… Mademoiselle Verhaegen, le texte remanié selon vos instructions et…
Ooh, cette voix ! qui me remplit, me fait frissonner ! Elle… elle a transpiré à nouveau sous ce soleil impitoyable ! Forcément, si elle venue à pied. Elle est en nage ! Et… mon Dieu ! cette odeur !… elle me grise, me monte au cerveau, me trouble ! Mais c’est qu’elle est en train de m’envahir, cette gamine, et par tous les sens ! Et… ces yeux ! des lacs !… et ce strabisme… qui la rend si fragile, si troublante !… voilà que je me mets à trembler…
Je dois bien me rendre à l’évidence : cette fille quelconque… — pas si quelconque, finalement ! — m’attire, me met en émoi, me trouble… serais-je en train de tomber amoureuse ? C’est complètement ridicule, c’est insensé !…
— Avez-vous eu le temps de…
Quoi ? qu’est-ce qu’elle dit ?
Béatrice :
Mais… elle ne m’écoute pas ! elle a l’air complètement ailleurs ! J’aurais dû m’y attendre ! Quelle imbécile je suis. Et pourtant, elle me fixe d’un air si étrange !… Je suis déboussolée, là ! Quoi qu’il en soit, je ferais mieux de m’en tenir à mon mémoire au lieu de m’illusionner stupidement !… Je n’ai pas la moindre chance de plaire tant soit peu à cette femme ! Que cela soit dit ! Et maintenant : stop ! fini le délire ! Je suis ici pour faire accepter mon travail, point barre !
Christine :
C’est clair, je suis attirée, bouleversée par cette fille ! J’ai envie de la prendre dans mes bras, de la bercer comme une enfant chagrine, de lui sourire, de voir son visage s’illuminer, de lui passer une main attentive sur le visage, de lui faire sentir toute la tendresse que je ressens, mais… mais c’est impossible ! J’irais au-devant d’ennuis majeurs, sans compter que cette gamine a sans doute bien autre chose en tête !…
— Votre travail est tout bonnement excellent, mademoiselle ! Je n’ai que bien peu de remarques à formuler, encore sont-elles plutôt d’ordre technique ! Je les ai consignées sur ces quelques feuillets, les voici : vous aurez vite terminé à présent ! Je défendrai votre travail devant le comité, vous pouvez en être sûre.
Béatrice :
— Merci, mademoiselle ! Je… vous avez été si prévenante… si…
Mon Dieu ! il faut que je me domine ! J’ai envie de lui sauter au cou ! cette femme m’ensorcelle ! Je suis toute remuée, je… mon corps frémit, je suis comme électrisée… je… je crois que je mouille ! C’est délirant…
— Je n’ai fait que mon devoir, vous savez !
Elle se lève, l’entretien est terminé. Un dernier sourire, un dernier regard et… je ne la reverrai plus !… Je sens mon nez se mettre à picoter, faut que je me contrôle ! Ah si : le jour de la défense du mémoire, mais… ce ne sera pas pareil…
— Au revoir, mademoiselle Verhaegen. Et, merci encore !…
Christine :
— Au revoir, mademoiselle Delmas. Et bonne chance !
Je vais la perdre, là ! c’est sûr. La voilà qui s’éloigne après un dernier sourire qui m’est descendu droit dans la culotte ! Encore quelques pas et…
— Mademoiselle Delmas !…
Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi l’ai-je ainsi interpellée ?… je… je n’ai rien à lui dire… ou plutôt si, une foule de choses totalement folles, mais…
— Non, ce n’est rien… je voulais juste vous dire que vous trouverez plus facilement un taxi à cette heure.
Quelque chose se tord dans mon ventre. Et cette boule d’angoisse dans ma gorge… Ma vue se brouille… Je…
— Ah !… oui merci mademoiselle.
Proposée par Bilitis.